Fondée en février 2012

Logo

Burkina Faso

Quand de mauvaises récoltes font ressurgir
les zones d'ombre de la culture du coton

L'histoire de la culture du coton au Burkina Faso est fortement baignée de corruption et de domination étrangère. De son introduction en 1924 sur l'incitation de colons français à la mise en place de semences OGM Monsanto en 2009, les intérets privés et étrangers ont dominés au détriment des paysans et du développement de l'agriculture.


En 1949, la France crée la Compagnie française pour le développement des fibres Textiles (CFDT) qui assoit alors un quasi-monopole sur le développement et la maîtrise de la filière du coton dans toute l’Afrique subsaharienne francophone.

Lors de son indépendance en 1960, le gouvernement crée la société para-étatique Sofitex, dont la CFDT conserve 45 % du capital. Par ailleurs, lorsque la Banque mondiale et le FMI obligent, dans les années 80, les pays africains à privatiser leurs sociétés d’État, la CFDT s’est empressée d’acheter des parts dans les coopératives de coton. Les trois sociétés régionales de coton du Burkina Faso restent encore aujourd’hui, pour une bonne part, entre des mains françaises.

La France contrôle ainsi la culture du coton depuis la livraison des graines, des engrais et des pesticides jusqu’à l’exportation du produit final. Encore aujourd’hui, 95 % du coton burkinabè est exporté, en très grande partie vers l’Asie, mais la France demeure très présente dans ce commerce notamment via la société de négoce de coton Copaco (groupe Advens, basé à Paris). En 2001, la CFDT a changé de nom pour devenir Dagris (Développement des agro-industries du Sud), puis Geocoton, également filiale du groupe Advens.

Le système infernal du secteur cotonier

Chaque paysan fait partie d’un Groupement de producteurs de coton (GPC), comptant vingt producteurs liés par une caution solidaire, et supportant collectivement les pertes et éventuelles difficultés. Chaque groupement emprunte aux entreprises cotonnières (Sofitex, Socoma, Fasocoton) pour se fournir en graines, engrais et pesticides. Puis rembourse son emprunt avec la récolte. L’achat garanti à un prix stable apparait comme une protection intéressante pour beaucoup de paysans qui cultivent leur coton dans des petites fermes familiales. Les entreprises cotonnières vendent le coton sur le marché mondial, et redistribuent une partie du bénéfice aux paysans. Ces dernières, ainsi que l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB), contrôlent l’ensemble du processus, comme le faisait naguère la CFDT qui, via sa participation au capital des entreprises cotonnières, tire encore en partie les ficelles.


Cette introduction est très largement tirée d'une enquête publiée sur Basta! qui se découpe en trois articles (premier, deuxième et troisième). Nous vous invitons à en prendre connaissance afin de bien comprendre la situation dans sa globalité.


En quelques chiffres, le coton est le 2ème produit d'exportation du Burkina Faso derrière l'or. La filière cotonnière représente 4 % du Produit Intérieur Brut du pays. Elle emploie 20 % de la population active au Burkina Faso et fait vivre plus de 3,5 millions de paysans.
Aujoud'hui, le pays connait une production de coton en baisse pour la campagne 2017/2018, avec les rendements les plus mauvais depuis 22ans. De ce fait le pays a perdu sa place de champion africain du coton.

Mobilisés de longue date avec les cultivateurs et face à cette dégradation des récoltes en partie imputable aux conditions climatiques, nos camarades de l'Organisation Démocratique de la Jeunesse (ODJ) pointent égalament du doigt la mauvaise qualité des intrants fournis par la SOFITEX aux paysans.

De ce fait les délégations paysannes venues des sections ODJ de 15 provinces :

1. Exige l’annulation des crédits intrants accordés aux paysans par la SOFITEX pour la campagne agricole 2017-2018 à cause de la mauvaise pluviométrie de cette campagne cotonnière.

2. Demande le dédommagement des paysans producteurs de cotons qui ont reçu des intrants de mauvaise qualité de la part de la SOFITEX tout comme le suivi de l’identification et la sanction de tous les acteurs impliqués dans cette scandaleuse affaire.

3. Exige en tout diligence une suite judiciaire à donner aux rapports de l’ASCE-LC sur l’UNPCB où des milliards sont détournés par des dirigeants dont certains sont toujours dans les instances actuelles de l’UNPCB.


>> Déclaration de la conférence de presse tenue à Ouagadougou, le 30 janvier 2018 <<


Sigles :

SOFITEX : Société Burkinabè des Fibres Textiles. Créée en 1979, elle est la plus grande des trois sociétés cotonnières du Burkina Faso avec 85% de toute la production cotonnière du pays.

UNPCB : Union nationale des producteurs de coton du Burkina.

ASCE-LC : Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de Lutte contre la corruption.

REN-LAC : Réseau National de Lutte Anti-corruption. Née en 1997 à Ouagadougou, il regroupe une vingtaine d’organisations de la société civile burkinabè.

BUNASOL : Bureau National des Sols du Burkina Faso.