Fondée en février 2012

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Cissé Fahadou et Balima Hama,
Deux membres exemplaires de l'ODJ


Il m’est encore très difficile de parler de mes camarades Cissé Fahadou et Balima Hama au passé. Jeunes, ils sont tombés les armes à la main le 31 mai 2019 sous les balles assassines de leurs bourreaux, en ayant maintenu très haut levé le drapeau symbole du combat et de l’aspiration du peuple burkinabè et de sa jeunesse à la liberté, à la justice, à un changement véritable.

Difficile de parler de ces camarades au passé parce que, encore jeunes que nous sommes, ils avaient atteints une maturité dans notre combat et représentaient un espoir, un exemple de combativité. Ils ont été à la hauteur de la contribution attendue d’un combattant pour la liberté et la justice à notre époque actuelle. Notre combat pour la liberté et la justice sociale véritables les a emmenés dans les années 2010 à faire face à Adama Kindo, un véritable bourreau et tortionnaire, digne représentant du régime de Blaise Compaoré avant sa chute en 2014, dans la région du Sahel et plus précisément dans le Yagha.

Ce bourreau d’Adama Kindo y avait sa propre police en plus des FDS « régulières » à sa disposition, et avait également créé sa propre prison pour incarcérer impunément tous ceux de ses travailleurs ou des populations qui osaient s’opposer à ses actes d’exploitation et d’expropriation des populations de leurs terres. Il avait presque droit de vie ou de mort sur tous ceux qui osaient défendre leurs droits à la survie. Personne d’autre dans cette zone ne pouvait librement disposer de ses propres terres si les prospections et exploitations minières de ce bourreau le guidaient vers ces terres. Les exploitations artisanales étaient mises au pas. La population et sa jeunesse devraient subir ses affres. Face à cet individu soutenu par le régime de Blaise Compaoré en son temps, nos camarades du Yagha, avec à leur tête les camarades Cissé Fahadou et Balima Hama, ont combattu en utilisant leur organisation, l’ODJ, comme un vrai moyen d’éveil des consciences de la jeunesse et des populations, mais aussi comme une arme de combat. Nos camarades Cissé Fahadou et Balima Hama en ont fait les frais en « ayant la chance » d’être emprisonnés en 2012 sous les ordres de ce bourreau d’Adama Kindo dans la maison d’arrêt et de correction de Dori, chef-lieu de la région du Sahel burkinabè.

Emprisonnés, et avec le soutien de leur organisation, l’ODJ, ces camarades ont bravés toutes sortes de pressions les incitant à abandonner leur combat. Leurs familles respectives ont reçu toutes sortes de pressions, mais les camarades ont tenu en prison. Libérés courant 2013, l’une des premières destinations de ces deux camarades était une rencontre nationale de l’ODJ qui se tenait aux lendemains de leur libération, pour témoigner et rassurer leurs camarades qu’ils restaient débous pour la liberté, la justice sociale en faveur de notre peuple. Acteurs de l’insurrection de 2014, nos camarades du Yagha, avec la forte contribution de nos illustres disparus, ont mis fin aux pratiques macabres et moyenâgeux du bourreau et tortionnaire Adama Kindo dans le Yagha. Jeunes éclairés, Cissé Fahadou et Balima Hama avaient atteint un degré de maturité combative et militante, bravant diverses difficultés, pressions et menaces, telles les menaces de mort de la part de certaines autorités du Sahel et dont les dernières dataient de février-mars 2019. Ils sont tombés les armes à la main, tenant très haut levé notre drapeau, le drapeau symbole de notre combat, de notre désir de liberté et de justice sociale.

Cissé Fahadou et Balima Hama étaient de véritables cadres de notre organisation, Organisation Démocratique et révolutionnaire de le Jeunesse du Burkina Faso (ODJ). A travers leur mort, ils ont écrit une partie de l’histoire de l’ODJ et celle du Burkina Faso de leur sang. Nous saurons transformer nos larmes et notre amertume en des forces puissantes pour, contraindre leurs bourreaux et tous ceux qui ont trempé dans leur disparition brutale à répondre et, maintenir très haut levé ce drapeau qu’ils ont tenu jusqu’à leur dernier soupir.

Siaka, militant de l'ODJ


Septembre 2019